Chronique d’« Âge d’Or », l’album d’Erga

Chronique d’« Âge d’Or », l’album d’Erga

Les premiers d'entre vous s'en souviendront : la douce voix d’Erga a fait l’objet d’un de nos tout premiers articles. Nous avons été servis depuis puisque le 1er décembre 2023, Erga a sorti son premier album. Il est disponible depuis hier sur Spotify.

Nous nous sommes livrés à une exploration en détail de ces sons pour vous donner notre avis : Erga a-t-elle réussi le pari de passer des reprises de chants traditionnels sur YouTube à un enregistrement original, produit en studio ?

 

À première vue, une exploration audacieuse « tout terrain »

Produit par Terre de France, l'opus est divisé en deux parties : d’abord des compositions originales puis des reprises de chants traditionnels français. Le tout forme un recueil de 16 morceaux qui dure 48 minutes – on est bien servis. Erga a sorti deux clips, dont celui de Discipline pour la sortie de l’album :

Il n'y a pas à dire, la première écoute de l'album secoue. Erga se laisse découvrir dans une multitude de styles et d’univers. On touche aux ballades, aux hymnes martiaux, au futuriste, au registre catholique en passant par des chansons plus enchanteresses. On fait le tour ?

 

Nos coups de cœur : les chansons engagées

Vous ne serez pas étonnés : les chansons les plus directement politiques ont été nos préférées. Discipline, Dans ta tête, Nouveaux sillons et Conquérants forment un quatuor de chansons qui se démarquent par leur force narrative, leur poésie envoûtante et leur capacité à happer l'auditeur. De la dynamite !

Si l’on comprend aisément le choix de Discipline pour mettre en avant l’album, il a justement les défauts de ses qualités : il cible excessivement bien son public, peut-être jusqu'à la caricature. On accompagne un jeune homme rongé par la passivité, abonné au combo « canapé jeux vidéo », qui décide de se reprendre en main et finit par incarner un certain idéal de virilité. On pardonne à ce morceau ses allures de « conte de fée » grâce aux couplets incroyablement hypnotisants – notamment grâce à une technique qui sera réutilisée tout au long de l’album et qui réussit très bien à la voix d’Erga : sa voix principale grave, lente et parlée, doublée par sa propre voix chantée, plus aiguë.

 Quand le miroir lui crache dessus, il baisse les yeux
Jimmy, la honte est un début, tu peux faire mieux

Dans ta tête est un favori instantané dès la première écoute – c’est d’ailleurs la chanson préférée d’Erga elle-même et de François Bousquet ! À la manière d’Alors on danse de Stromae, la chanson combine une ambiance festive superficielle à un « sous-ton » mélancolique. Le rythme latin, inattendu dans cet album, a été parfaitement maîtrisé pour en faire une chanson obsédante. Beaucoup se reconnaîtront dans cette chanson qui parle du fait d’avoir des opinions minoritaires, d’être entouré par des personnes non politisées, indifférentes aux choses qui nous paraissent importantes. Elle forme en quelque sorte le préquel à Discipline en peignant l’éveil politique et personnel de la jeunesse.

Ils l’ont dit sur BFM
Mais de toute façon j’ai la flemme
De vérifier
J’vois mieux les yeux fermés

Attention : vous l’aurez dans la tête pendant des jours !

Mais promis, c'est agréable et vous en redemanderez.

Ces titres sont déjà des bijoux, mais ce n’est que l’amuse-bouche avant ce qui constitue le chef-d’œuvre de l’album : Nouveaux sillons. Ce titre DOIT devenir la Marseillaise des patriotes et a clairement été pensé pour – il y fait des références explicites dans le premier couplet. Sur un texte absolument sublime et une instrumentale martiale, rythmée par les « ahou » des Spartiates de 300, Erga chante l’importance de faire honneur à ses ancêtres et se battre pour son pays.

Le texte est parfaitement calibré : il est à la fois extrêmement radical et tout à fait poétique. Dans un rythme qui rappelle les chansons les plus épiques d'Imagine Dragons, Erga réussit l’exploit ici de faire une chanson très politique sans donner l’impression de lire un tract. L’écoute prend un autre tournant lorsqu’on découvre ces paroles tristement prophétiques, qui font écho au drame de Crépol et au meurtre du jeune Thomas (le morceau a pourtant été enregistré avant) :

Jusque dans nos villages
L’armée des ombres en silence
Forme ses bataillons
Mais c’est une chance
Égorger leurs fils et leurs compagnes
Ne leur suffit plus
À prendre les armes

Malgré ce tableau très sombre, la chanson est résolument optimiste marchant à contre-courant nous creuserons les nouveaux sillons ») et dessine des horizons pleins d’espoir pour notre peuple. Complètement compatible avec l’esprit Une Bonne Droite ! Cette chanson vaut à elle seule le coup d’assister à un concert d’Erga – le titre doit être incroyable avec un public qui chante les chœurs.

Moi après 3 écoutes de Nouveaux sillons (via getwallpapers.com)

Le dernier coup de cœur de cette partie est une ballade, celle qui clôt la partie originale. En 3 minutes et demie, Conquérants nous plonge dans l’épopée des explorations et des tours du monde. En plein dans le mille, puisque nous vous avons parlé cet automne du périple incroyable de Magellan. Là encore, le texte est absolument sublime : on y accompagne les explorateurs dans leur soif de conquête, leur volonté de puissance, leur espoir d’enrichissement, leurs recherches, leur épuisement, leurs découvertes… jusqu’au nouveau continent.

Ils jettent leur vie en aventure / et vers les mers d’azur / brillants murmures
L’épopée héroïque et brutale / vers les bords du monde occidental
Ils frôlent la fortune et la mort / sur des routes sans ports / trouver de l’or !

La mélodie calme monte joliment en puissance. On sent quelques esquisses vers un remix dubstep à la fin – peut-être que le deuxième album nous fera le cadeau d’un remix entier ? En tout cas, en l’état, cette chanson devrait fasciner vos enfants, en plus de vous ! Une fois la chanson terminée, deux envies : remettre la chanson et accompagner nos grands explorateurs dans ces « jungles infernales ».

 

Un éclectisme musical qui ravira les curieux

Changement radical d’ambiance avec Hasta la Vista. Inspirée par le film Terminator 2, la chanson est un OVNI dans l’album. On embarque pour 3 minutes au cœur du monde de la nuit : ambiance TechNoir, fusils, néons… et talons aiguilles. Curieusement, le combo fonctionne très bien ! Le titre est très travaillé et fonctionne avec la voix robotisée d’Erga. C’est la pépite inattendue de cet album, très appréciable.

Hasta la Vista, baby!

Après toutes ces émotions, Effy offre une parenthèse plus calme et bienvenue. Il s’agit d’une thématique classique : une jolie jeune femme torturée par ses démons, désirée par les hommes, jalousée par les femmes. Ceux de la génération d’Erga y reconnaîtront un hommage à Effy de la série iconique Skins !

 

Sous ses mille bracelets, son petit poignet se perd
Même dans ses collants troués, elle est trop belle pour être vulgaire
De ses lèvres de poupée elle crache ses volutes argentées
Et enfume doucement la pièce de sa provocante tristesse

 

Si Cathédrales représente un passage obligé des compositions, inspiré par l’incendie de la cathédrale Notre-Dame, on aurait préféré une instrumentale plus traditionnellement religieuse (orgue, instruments à cordes) qui provoquerait sans doute mieux l’immersion dans cet hommage à notre patrimoine religieux. Les envolées lyriques d'Erga, à l'aise dans l'exercice, sont les plus vibrantes de l'album et valent le détour.

En bref, cette partie originale ne souffre que d’un point faible : le titre Archéofutur, qui n’a pas trouvé son style. Le rythme lancinant ainsi que les extraits télé insérés déprimants contrastent maladroitement avec la notion d’archéofuturisme, elle-même difficilement accessible aux néophytes. Le morceau ne parvient pas à faire ressortir ce projet de puissance qui doit nous animer.

 

Les chants traditionnels, entre guerres, fêtes, patriotisme et foi

Après cette partie haute en couleur, revenons à un terrain plus familier : les reprises de chants traditionnels. Voici ceux qu’Erga a choisi de reprendre :

  • Les Lansquenets : un chant évoquant les troupes de mercenaires lansquenets, souvent associées à l'Europe médiévale.
  • La Strasbourgeoise : hymne autour de l’engagement militaire et du patriotisme.
  • La Blanche Hermine : un chant célébrant l'identité bretonne et la lutte pour la liberté de la Bretagne.
  • Le Vin Gaulois : célébration entraînante des festivités et de la fierté guerrière.
  • La Ligue Noire (exclu) : également un chant qui mêle festivités et bravoure guerrière.
  • J'avais un camarade : hommage poignant aux camarades tombés au combat, agrémenté d’une partie instrumentale très travaillée qui donne une nouvelle dimension au chant.
  • Rappelle-toi Jeanne (exclu) : une chanson rendant hommage à Jeanne d'Arc et à la dimension religieuse de la France.
  • Les Chacals (exclu) : chant victorieux antimarxiste et anti-élites.

Extraits des Lansquenets

Commençons d'emblée par ce qui fâche : si la voix féminine d'Erga permet de donner une autre dimension à ces chants militaires, elle trouve toutefois ses limites dans les chansons qui mêlent guerre et fêtes pleines d’ivresse. Ainsi, avec ses paroles évocatrices et son rythme entraînant, Le Vin Gaulois évoque les plaisirs simples de la vie et les sacrifices qui leur sont nécessaires, à savoir la guerre. La reprise est charmante, mais on ne peut s’empêcher d’attendre des chœurs d’hommes sur cette chanson qui inspire beaucoup de camaraderie masculine. Rien de personnel : ce chant a été fait pour être hurlé à pleins poumons en plein banquet ! De la même façon, le rythme langoureux de La Ligue Noire, habituellement compensé par des chœurs d’hommes qui collent plus à l'ambiance des paroles, donne un mélange trop peu contrasté avec la seule voix d’Erga.

En revanche, de manière surprenante, les chansons à connotation purement militaire trouvent une nouvelle jeunesse. Il y a bien sûr La Strasbourgeoise et La Blanche Hermine, purement guerrières, que nous avions déjà adorées. De même, Les Lansquenets, qui parle du sacrifice ultime pour la patrie, fonctionne parfaitement avec la voix féminine et éthérée d’Erga, grâce à l’alternance très harmonieuse de sa voix de tête avec sa voix de poitrine.

Qu’ils freinent donc, s’ils l’osent, notre ascension grandiose
Que rythment les hauts tambours des Lansquenets

À noter la présence d’une reprise strictement catholique avec Rappelle-toi Jeanne. Cette chanson, véritable déclaration d'amour à la France, appelle à renouer avec sa dimension catholique. Il faut la faire écouter à Jean-Marie Le Pen !


La chanson, en résumé

Fille de Dieu, Sainte Pucelle, viens au secours
De la France au nom de Jésus et Marie.
France ô ma France,
Il faut élever jusqu’aux Cieux,
Ta patrie si tu veux retrouver la vie
Et que ton nom soit glorieux

 

Un mot enfin sur la chanson qui clôt l'album : Les Chacals. Résolument vindicatif, le chant parle de la reconquête d'un territoire par l'affrontement, notamment la lutte contre la trahison de ses propres élites. Le rythme des tambours résonne comme un appel puissant à l'action, portant un message plein d’espoir : « pour l’Europe c’est le réveil », dans un présent d'énonciation impératif.

Le titre parvient à unir avec maestria tous les éléments qui font de l'album une réussite : ancré dans une une tradition dépoussiérée, thèmes martiaux et politiques, avec une touche féminine rafraîchissante. En comparaison avec d'autres reprises de ce même chant qui peuvent parfois sembler un peu abruptes, celle-ci se démarque nettement, avec son refrain entraînant et des « héia oh-oh » qui semblent avoir été taillés pour la voix d’Erga. Il y a quelque chose d’absolument jouissif à écouter une voix si mignonne raconter le sort qui serait réservé aux marxistes – tout ça sous couvert de liberté artistique, bien sûr (jurisprudence Nick Conrad) !

Le morceau se conclut par des chœurs d’hommes en écho à la voix principale, un choix qui aurait pu être généralisé tant il a du charme… Et c'est déjà la dernière phrase de l'album : « Au clocher nous mettrons, claquant dans le vent, notre fanion »  un appel final à nous joindre à cette marche vers le changement, à répondre à l'appel vibrant de l'histoire.

 

À la reconquête des cœurs modernes

Dans cette exploration musicale, Erga dévoile toute l'étendue de son talent et de sa créativité. À travers Âge d'Or, elle nous invite à découvrir son évolution artistique, à plonger dans une gamme variée de sonorités au service d'un patriotisme résolument moderne. Que vous ayez une inclination plus particulière pour le mystique des chants religieux, plutôt pour les mélodies pop entraînantes ou pour d'autres styles encore, cet opus saura vous plaire.

Au-delà de la diversité musicale, ces chansons incarnent un désir profond de reconstruction, une volonté de redonner à l'Europe sa grandeur passée, sans tomber dans un passéisme désuet. C'est une véritable entreprise de reconquête des cœurs modernes, une invitation à embrasser notre héritage culturel et à œuvrer pour un avenir florissant. En tout cas, Âge d'Or n'a pas fini de résonner dans le QG d'Une Bonne Droite !

 

En savoir plus :

     

    Stéphanie

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    2 commentaires

    Non mais vous êtes des malades !!!
    Cathédrale est clairement dans le top 3 c’est une très belle chanson qui rend hommages aux bâtisseurs de cathédrales, nos ancêtres 🕯️
    Bref entre celle ci et vin🍷 Gaulois 🐓 mon cœur balance ⚖️ et il n’est pas du côté romain 😅😉

    Piok

    Très belle critique, que je partage sans réserve !

    Alaric Titeux

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